Turbulences

de | 22 octobre 2019

C’est très bizarre. Il y a 10 ans, je prenais l’avion sans difficultés. Mais à cause de quelques mauvaises expériences (brusque freinage juste avant le décollage, plateaux repas qui volent, etc), je me suis mis à avoir peur chaque fois que j’étais censé prendre l’avion. Même l’éternel cocktail « alcool-calmants » ne parvenait plus à me calmer. L’année dernière, j’ai donc décidé de m’inscrire à un stage pour affronter cette peur de prendre l’avion. Mon stage s’est passé en plein Paris un dimanche. Nous étions cinq stagiaires réunis pour l’occasion, avec une nette propension de femmes. Je croyais être phobique, mais comparé à certains, j’étais Buck Danny : l’une des participantes n’était plus montée à bord d’un avion depuis quinze ans ! L’équipe a commencé par nous apprendre que nous étions loin d’être les seuls à être dans ce cas : 23 % des voyageurs d’affaires éprouvent cette peur. La première étape de ce stage a consisté à contrôler nos pensées négatives. Nous avons reconnu des expériences communes : pleurer à chaque turbulence, se gaver de vin bas de gamme, se demander ce qu’on fait là… Ca faisait un bien fou de pouvoir en discuter avec des personnes qui étaient bien placées pour comprendre. Puis la psychologue nous a appris à nous détendre en nous servant de la respiration abdominale, assistée par un logiciel de cohérence cardiaque. Puis l’après-midi, nous avons abordé la seconde phase de ce stage : parfaire nos connaissances sur le fonctionnement d’un appareil aérien. L’idée est toute simple : c’est parce que nous ne comprenons pas que nous avons peur. Un vrai pilote de ligne en uniforme nous a donc expliqué comment un avion volait, puis a eu la lourde tâche de répondre à toutes nos questions, même les plus étonnantes (par exemple : est-ce que le train d’atterrissage peut détruire l’avion s’il se referme mal ? Un appareil peut-il se retourner ?). A la fin de ces deux heures de discussions, j’étais en passe d’être un expert sur le sujet. Puis nous sommesenfin passés à la dernière étape, la plus ludique : nous avons piloté un Boeing 737 ! La simulation de vol s’est faite à bord d’une fidèle réplique de cockpit, et il était si réaliste qu’une fois dedans, on s’y croirait. Un autre pilote de ligne nous a aidés à en prendre les commandes et nous a appris à piloter malgré des pannes. La journée s’est achevée par un débriefing où chaque participant a pu partager son ressenti. Pour finir, j’ai pu reprendre l’avion bien plus tranquillement qu’auparavant. Je ne dirai pas que je ne ressens pas une légère appréhension avant le décollage, mais prendre l’avion n’est plus aussi exténuant. Il m’arrive même d’y trouver du plaisir.