Rééquilibrer et clarifier l’enseignement des mathématiques

de | 7 mars 2018

Parler de rééquilibrer n’a de sens que si au préalable il y a eu déséquilibre. Si on se place sur un temps long, on peut estimer que c’est bien ce qui s’est passé pour l’enseignement des mathématiques. Si le projet des mathématiques modernes des années 1960-1970, issues du mouvement bourbakiste et portant sur la nature des contenus enseignés, était théoriquement louable, il faut bien reconnaître que sa mise en pratique dans l’enseignement non universitaire a été un échec retentissant. Pour tenter d’y remédier, on s’est réclamé d’un autre mot d’ordre, plutôt pédagogique : l’élève doit faire des mathématiques. Il est vrai que le mathématicien fait des mathématiques, et sa pratique est originale au sens qu’il crée une chose nouvelle. Mais on a trop souvent oublié que pour faire des mathématiques, il faut au préalable en avoir appris. La multiplication des activités de toutes sortes plaçant l’élève au centre de ses apprentissages, voire de la construction de ses propres savoirs, a procédé d’une intention tout aussi louable. Force est de constater, aujourd’hui, que les résultats ne sont plus au rendez-vous et que les publics les plus fragiles socialement y ont plutôt perdu. Rééquilibrer, signifie avoir l’ambition de redresser la barre, sans pour autant déstabiliser l’organisation ni le corpus dialectique de la discipline ; infléchir au lieu de révolutionner, tenir compte de ce qui existe, de ce qui fonctionne mieux ailleurs, afin de constituer un corpus auquel chacun peut se référer. Le besoin de clarification n’est pas moins important. L’enseignant doit savoir ce qu’il doit enseigner, pour garantir une équité de territoire dans le cadre d’un enseignement à dimension nationale, et c’est pourquoi il faut des programmes. Mais il faut aussi que ceux-ci permettent au professeur de bien cerner l’objectif qui lui est fixé. La présidente du conseil supérieur des programmes, Madame Souâd Ayada l’a encore rappelé récemment : il est essentiel de rendre les programmes intelligibles.